De Gaulle : un débarquement sur fond de tensions avec les Alliés

Figure centrale de la Résistance et artisan du gouvernement provisoire qui prendra les rênes de la France après la libération de Paris, le général de Gaulle a été mis au courant très tard de l’organisation du débarquement de Normandie. C’est ce qui explique pourquoi devenu Président de la République, il refusera quelques années plus tard de participer aux commémorations du 6 juin.

Nous sommes le 3 juin 1944 quand le Comité français de la libération nationale (CFLN) présidé par le général de Gaulle décrète qu’il est désormais le Gouvernement provisoire de la République française (GPRF). A cet instant, de Gaulle sait que l’opération Overlord se prépare mais il n’a pas encore été averti de l’imminence du débarquement de Normandie. Il ne s’agit pas d’un oubli : en réalité, le commandement Allié l’a sciemment écarté des dernières étapes de la préparation.

Il existe en effet une dissension entre les Américains, les Britanniques et les Français libres sur la façon dont doit être gérée la transition en cas de réussite du débarquement. Les premiers estiment qu’il est plus prudent de confier la supervision de la France libérée au général Eisenhower, de façon à coordonner plus efficacement la phase de reconquête et la progression du front vers les frontières allemandes. Le général de Gaulle ne voit pas les choses de cet œil : c’est précisément la raison pour laquelle il proclame la naissance du Gouvernement provisoire de la République française (GPRF) avant même le début du débarquement de Normandie.

De Gaulle prévenu par Churchill trois jours avant le débarquement

Le 3 juin, Winston Churchill fait venir le général de Gaulle d’Alger à Londres et l’informe de l’imminence du débarquement. A ce stade, le lancement de l’opération Overlord ne dépend plus que de la météo. Or les Alliés ont besoin que de Gaulle lancent un appel aux forces françaises de la résistance dès le début du débarquement, de façon à ce qu’elles prêtent mains fortes aux armées qui prennent pied sur le sol normand. L’appel est d’autant plus important qu’en face, le gouvernement de Vichy appelle les Français à ne pas résister face à l’occupant allemand.

Charles De Gaulle n’est pas fondamentalement opposé à l’idée du débarquement, mais il rejette avec la plus grande fermé l’idée d’une administration de la France par les Alliés, même de façon provisoire. Il finira tout de même par accepter de participer au débarquement par l’intermédiaire d’un discours diffusé à la radio aux petites heures du 6 juin 1944.

Le discours du 6 juin 1944

« La bataille suprême est engagée. Après tant de combats, de fureur, de douleurs, voici venu le choc décisif, le choc tant espéré. Bien entendu, c’est la bataille de France et c’est la bataille de la France », annonce le général de Gaulle. Dans son discours, il exhorte les Français à prendre les armes et à combattre par tous les moyens possibles l’occupant, tout en annonçant l’arrivée d’immenses moyens d’attaque sur les côtes normandes. « Derrière le nuage si lourd de notre sang et de nos larmes, voici que reparaît le soleil de notre grandeur ! », conclut de Gaulle. Quatre ans après le célèbre appel du 18 juin, le discours du 6 juin 1944 est l’un des textes les plus marquants de l’esprit de la Résistance.

Plus tard, le général de Gaulle refusera formellement de commémorer l’anniversaire du débarquement, dont il estime qu’il aurait constitué, sans son intervention, le prélude à une nouvelle occupation de la France.